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Retrouvez tous les épisodes de la série « L’Eté en chansons » ici.
Quand Childish Gambino diffuse, le 11 juillet 2018, Feels Like Summer, sur les plates-formes de streaming – pour le single appelé Summer Pack –, beaucoup de critiques se disent que le rappeur originaire d’Atlanta ralentit le rythme après son intense et immense succès, This Is America, deux mois plus tôt. Dans le clip vidéo et les textes de ce rap, le chanteur et acteur, Donald Glover pour l’état civil, dénonçait le passé ségrégationniste de son pays, les violences policières, la fascination pour les armes et l’absence de distance de la société américaine face au spectacle permanent des émissions de télé-réalité et des réseaux sociaux.
Alors quand retentissent les premières notes d’orgue et de percussions du très doux Feels Like Summer, on se dit qu’on tient là la chanson d’été insouciante des années 2010. C’était sans compter la conscience politique de Childish Gambino, qui, tout en roucoulades, rappelle surtout l’état d’urgence dans lequel se trouve la planète.
Dans le premier couplet, il met en avant l’emballement démographique : « Sept milliards d’âmes qui tournent autour du soleil/Rouler plus vite, vite et pas une chance de ralentir. » Il dénonce l’incapacité de l’humanité à changer de comportement comme si les humains agissaient comme des machines programmées, ce qui mène inexorablement au changement climatique.
Dans le deuxième couplet, il écrit : « Chaque jour est plus chaud que le précédent. » Cinq jours avant la sortie de la chanson, Los Angeles, où habite Gambino, et sa région ont connu des températures record. La Californie était victime des grands feux. Ce qui n’empêche pas le chanteur d’avoir une pensée pour ceux qui font face aux pénuries d’eau potable : « A court d’eau, sur le point de couler. » Puis, il aborde la disparition des abeilles, des espèces en voie d’extinction, comme certains oiseaux qui ne chantent plus : « L’air qui tue les abeilles dont nous dépendons/Les oiseaux nés pour chanter, nous nous réveillons sans son, sans son. »
Pour appuyer son propos, il impose, avec son cocompositeur, le Suédois Ludwig Göransson, un silence au milieu de la chanson. Ce qui contraste avec l’ambiance festive du morceau, créée par des chœurs doublés et des cris de joie. Le refrain est une complainte poignante, dans la tradition des wailing (« lamentations ») singers, chantée en voix de tête : « Je sais, oh, je sais que tu connais cette douleur/J’espère que ce monde va changer… »
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